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308 HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
habitait encore, en 1749, la rue de Richelieu et prenait la qualité de banquier.
L'administration de Philippe Behagle releva complètement l'établissement chancelant, ll put recueillir, en 1694, une partie des tapissiers des Gobelins que la pénurie du trésor jetait sur le pavé. Un rapport de 1698 constate que l'atelier comptait alors quatre-vingts ouvriers, et que l'entrepreneur imprimait une excellente direction aux travaux, y prenant part lui-même, et se réservant pour lui et ses fils les ouvrages les plus délicats, comme les tôtes et les carnations.
Pour en arriver à ce résultat, l'habile directeur n'avait eu besoin que d'un prêt de 15,000 livres; aussi, quand il visita la manufacture, en 1686, Louis XIV ne marchanda pas Ies témoignages de satisfaction. Une inscription, placée clans le jardin de l'établissement, conserva longtemps le souvenir, de la place où le roi avait complimenté le directeur en lut posant familièrement la main sur l'épaule.
A l'initiative de Behagle la manufacture dut la création d'une école de dessin. Un artiste nommé Lepage en eut la direction jusqu'à sa mort. L'œuvre la plus considérable de notre tapissier existe encore dans la cathédrale de Beauvais. Elle représente les Actes des apôtres, d'après Raphaël. Presque toutes les pièces portent la signature P. Behagle. L'encadrement, formé de guirlandes de fleurs, rappelle le genre spécial de décoration dans lequel les tapissiers de Beauvais ont de tout temps excellé.
Les succès de la manufacture royale excitèrent l'émulation des magistrats de la ville. Ils attirèrent, en lui offrant des avantages considérables, un tapissier d'Audenarde fixé à Lille depuis 1680. Séduit par les promesses de la municipalité de Beauvais, Georges Blommaert émigrait dans cette ville avec son fils Jean, vers 1684. On ne possède aucun renseignement sur les destinées de cet établissement privé.
En 1704, Philippe Behagle meurt; sa veuve et ses fils gardent pendant six ans la direction des ateliers. Mais les fils ne possédaient pas les capacités du père, et bientôt les résultats acquis se trouvèrent compromis. Les frères Filleul furent appelés à la tête de la manufacture par lettres patentes de 1711; ils n'avaient aucune des qualités nécessaires pour relever la fabrication. Aussi les productions de Beauvais sont-elles jugées très
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